Si la plupart d’entre nous voient dans cette photo un champ de coquelicots rouges avec des tiges vertes, une fraction de la population ne perçoit aucune différence de couleur entre les fleurs et le feuillage. Ces personnes sont atteintes de daltonisme, une anomalie dans la perception de certaines couleurs.
Perceptions en RVB
Les photorécepteurs situés sur la rétine de l’oeil comprennent des cônes photosensibles aux 3 couleurs primaires qui composent la lumière naturelle : rouge, bleu et vert – ou RBV. Il existe 3 types de cônes, chacun capable d’absorber la lumière d’une des 3 couleurs.
Le cerveau reçoit ces signaux lumineux par le canal du nerf optique et additionne les couleurs reçues pour reconstituer ensuite la couleur véritable d’un objet. Un objet de couleur cyan, par exemple, aura d’abord été lu par des cônes bleus et verts, puis traité par le cerveau qui, à son tour, restitue la couleur cyan que nous voyons.
Grâce à la connexion entre les cellules du fond de l’oeil et les neurones du cerveau, on peut percevoir les millions de nuances de couleurs présentes dans notre environnement : jaune citron et jaune orangé, vert émeraude et vert olive, fuchsia et magenta, bleu turquoise et bleu cobalt, etc. La liste est quasiment infinie…
Rapide chronologie
Il y a 300 ans, Isaac Newton découvre le spectre des couleurs.
En 1601 Thomas Young comprend que les lumières rouge, bleue et verte suffisent pour recréer la totalité des couleurs existantes. Il comprend aussi que quand on additionne ces trois lumières, on obtient du blanc.
Presque deux siècles plus tard, John Dalton, un chimiste anglais né en 1766, constate que son frère et lui présentent un trouble fonctionnel des photorécepteurs de la couleur verte. Il en déduit que cette condition est héréditaire. En hommage à ses travaux, on nommera cette condition le « daltonisme ».
Les individus porteurs de ce type d’anomalie sont qualifiés de « daltoniens » et, pour la plupart d’entre eux, l’amalgame se produit entre le rouge et le vert : pour certains daltoniens un paysage flamboyant d’automne peut paraître uniformément vert ou uniformément jaune. Le daltonisme n’est pas une maladie. C’est une condition génétique qui ne pose pas de problèmes sérieux même si pour certaines personnes elle peut légèrement compliquer la conduite automobile.
Il y a des professions qui exigent tout de même qu’on distingue correctement les couleurs : pilote de ligne, contrôleur aérien, contrôleur ferroviaire, agent de sûreté, opérateur en imagerie radioscopique, etc.
Les catégories de daltonisme
Quand on voit bien toutes les couleurs on est « trichromate » (tri-chrome = trois-couleurs). Le « trichromate anormal » c’est celui qui perçoit mal certaines des 3 couleurs du spectre lumineux.
En fonction de la couleur absente, on est atteint de :
– « protanomalie » si c’est le rouge qui manque ;
– « deutéranomalie » quand le vert est absent ;
– « tritanomalie » quand il s’agit du bleu.
Tous ces termes quelque peu barbares qualifient des conditions parfois gênantes mais, somme toute, bénignes. Plus monotone est la vie de ceux qui ne voient aucune couleur, mais seulement en noir et blanc. On estime la proportion de ces « achromatopes » à 1 personne sur 40 000.
Des tests de dépistage
Le daltonisme est généralement présent dès la naissance ; dans de très rares cas, il peut apparaître suite à des lésions nerveuses, cérébrales ou oculaires, ou à l’exposition à certains produits chimiques.
N’hésitez pas à prendre rendez-vous chez nous afin d’examiner votre vue car plusieurs maladies reliées ou non aux yeux peuvent être décelées lors de l’examen comme dans le cas du glaucome, de la dégénérescence maculaire, des cataractes et même de certaines formes de diabètes.
Il existe plusieurs tests de dépistage du daltonisme dont le test d’Hishihara, le test pseudo-isochromatique et des tests spéciaux pour les enfants. En cas de doute, il est conseillé de consulter un professionnel en santé oculaire.
Quelques daltoniens célèbres !
Malgré son regard bleu électrisant, Paul Newman mélangeait un tant soit peu ses couleurs au point de devoir renoncer à son rêve de devenir pilote ; comme quoi, personne n’est parfait !
Autres célébrités : Keanu Reeves, Bill Clinton, le prince William, l’écrivain Mark Twain… Mark Zuckerberg, le papa de Facebook, est quant à lui incapable de distinguer le rouge du vert. Certains susurrent que c’est la raison pour laquelle le logo de la compagnie est bleu…
On notera que cette liste ne comprend aucune femme. Ça n’est pas un hasard, car la proportion des daltoniens dans la population est de 8% pour les hommes et de seulement 0,5% chez les femmes.
Le gène du daltonisme se transmet par le chromosome X. Chez un garçon, il suffit que le gène soit présent sur le seul chromosome X de la paire XY pour que celui-ci soit daltonien. Chez les filles, ce gène doit se trouver sur les deux chromosomes de la paire XX : une probabilité plus faible qui explique pourquoi les femmes sont moins touchées.